Changer les pratiques
Chantre de l’honnêteté auto-proclamée, François Fillon se trouve pris dans ces contradictions.
La présomption d’innocence nous oblige (à juste titre) à croire sa femme innocente des accusations de travail fictif pour une obscure maison d’édition et pour son travail d’attachée parlementaire. Ce qui n’empêche pas les humoristes de s’en donner à coeur joie, piquant là où ça fait mal (Guillaume Meurice, François Morel…)
Pour autant il y a le droit et la morale. Le fait d’être attachée parlementaire de son mari pour une personne qui « ne souhaite pas se mêler de politique » est étonnant. La voir toucher le maximum de la somme possible au détriment des autres attachés parlementaires jette un discrédit sur ces motivations réelles. Pire cela met au banc des accusés cette profession utile de manière injuste. Et que dire du fait que deux de ses fils aient – eux aussi- été embauchés pendant cette période… Ces affaires faisant suite à de très nombreuses autres (Sarkozy, Bruni, Bygmalion, Tapie, Balkany…)
Cependant le Parti socialiste ne doit pas se réjouir. Ces pratiques sont répandues au-delà de la droite. Même le Front National qui se faisait le chantre à une époque du « mains propres, tête haute » garde le profil bas. Empêtré qu’il est dans un scandale d’emploi fictif au parlement Européen ou du financement de ses campagnes électorales par un montage financier douteux (Jeanne). Ce parti maintenant qui a des élus est celui qui est le plus corrompu. Pas de quoi être fier forcément…
Ces multiples affaires montrent surtout une chose. Il nous faut changer de système. Les hommes sont défaillants car les garde-fous sont trop faibles. Et même si le gouvernement a avancé à cause des affaires Cahuzac ou Thévenoud, de simples lois (comme celle relative à la transparence de la vie publique) ne changeront pas fondamentalement les choses.
Ayons le courage de repenser l’intégralité du système pour éviter une reproduction des élites qui fait que notre démocratie ressemble de plus en plus à une aristocratie.
Frédéric Orain, premier secrétaire fédéral