Conseil national du 16 mars

Samedi 15 mars s’est tenu à la Maison de la Chimie un Conseil national du Parti socialiste.L’ordre du jour comprenait notamment un vote sur le principe de liste commune avec Place Publique et la désignation de Raphaël Glucksmann comme tête de liste.
Vous trouverez ci-dessous un compte-rendu de ce conseil national :
En préambule, il a été rappelé que l’université d’été de La Rochelle se tiendrait à nouveau cet été du 23 au 25 août.


Point 1 : rapport comptable sur le nouveau siègeLe nouveau siège du Parti socialiste à Ivry d’une surface de 1497m2 aura coûté au Parti, coûts de déménagement inclus, la somme de 9324K€ (remarque personnelle : il avait été indiqué au mois de juin 2018 que la vente de Solférino rapporterait 45 millions d’euros et que l’achat du nouveau siège coûterait 10 millions d’euros). Il a été rappelé que le PS a drastiquement réduit le nombre de ses permanents, les faisant passer de 130 à 43.Une question a été posée sur l’existence d’une salle suffisamment grande pour accueillir nos conseils nationaux, ainsi que cela avait été initialement prévu et avait justifié l’achat de ce site. En réponse, il a été expliqué que l’achat d’une telle salle dans un bâtiment annexe du siège d’Ivry avait été budgété mais que le vendeur ne proposait à ce jour pas un prix jugé raisonnable par le Parti. Ce point est donc toujours en suspens.


Point 2 : grand débat national: :Il est rappelé qu’à l’origine de la crise des gilets jaunes, il y a la sidération de l’élection d’Emmanuel Macron, rapidement suivie d’une forme de saturation qui allait s’achever par une colère encore existante.Le constat sur le grand débat est très négatif, les dés ayant été pipés dès le commencement. On sait en effet qu’il n’y aura pas de rétablissement de l’ISF mais que les dépenses publiques et donc le service public seront réduits.Il a été rappelé que le PS a été le premier parti à porter des propositions dès le début de la crise des gilets jaunes mais que celles-ci ont été très peu relayées par la presse. Aussi, dans le cadre du Grand Débat, le  Parti socialiste fera au minimum 30 propositions (et serait en mesure d’en faire une centaine) lesquelles s’avèrent être en cohérence avec les 66 propositions portées par Nicolas Hulot et Laurent Berger.


Point 3 : élections européennes:Il est tout d’abord rappelé que les règles de cotisations pour pouvoir participer au vote du 2 avril sur la liste pour les européennes seront identiques à celles mises en place pour le Congrès.Les membres du Conseil national ont ensuite été amenés à s’exprimer sur le projet de résolution soumis par la direction du Parti qui propose de participer à une liste de rassemblement conduite par Raphaël Glucksmann et dont le PS constituera l’armature. Cette liste sera paritaire entre les candidat.e.s socialistes et ceux issus d’autres mouvements et de la société civile.Les débats ont été très vifs et peuvent être résumés comme suit :- Les membres du Conseil national issus du texte d’orientation présenté par Stéphane Le Foll ont regretté d’apprendre par la presse cette proposition de la direction du PS, ont reproché à la direction sa méthode et l’absence de consultation du Bureau national. Sur le fonds, ils regrettent de laisser la tête de liste à un tiers inconnu (Raphaël Glucksmann) qui n’est pas socialiste et peut-être pas de gauche alors que des candidats socialistes s’étaient proposés pour conduire cette liste. Dans ces circonstances, avec beaucoup de virulence, ils ont annoncé quitter le Bureau national du PS et ont indiqué qu’ils continueraient à défendre les valeurs socialistes puisque la direction actuelle ne souhaitait plus le faire. Les membres de ce texte d’orientation n’ont pas pris part au vote sur cette proposition.- Luc Carvounas de son côté a regretté, dans un style toutefois un peu moins virulent, la méthode de la direction (le sujet des élections européennes n’était plus abordé en Bureau national depuis des mois). Les membres de ce texte d’orientation n’ont pas pris part au vote sur cette proposition.- Laurent Baumel pour le texte d’orientation initialement porté par Emmanuel Maurel a indiqué qu’il voterait favorablement cette proposition mais qu’il avait des interrogations sur la composition et l’organisation de cette liste.- Les représentants de la direction du PS sont intervenus pour répondre aux attaques notamment des soutiens de Stéphane Le Foll en indiquant que ceux-ci n’assistaient jamais aux réunions du Bureau national depuis le début du mandat d’Olivier Faure, que ce Bureau national avait donné à plusieurs reprises mandat à Olivier Faure pour faire une alliance en vue des européennes (en décembre 2018 et février 2019 notamment) et qu’ils étaient de mauvaise foi puisqu’ils regrettaient aujourd’hui cette alliance alors qu’ils étaient prêts à s’unir derrière Yannick Jadot il y a encore peu. Notre députée européenne Karine Gloanec-Maurin est montée à la tribune pour défendre la proposition de la direction qu’elle a jugé être « un pari audacieux et courageux ».Il faut noter que la tension a été extrêmement vive entre les membres de la Direction et les représentants de Stéphane Le Foll qui n’ont pas hésité à employer des mots tels que « scélérat » et « surréalisme ». Néanmoins, cette tension n’est pas nouvelle puisque la presse se faisait échos depuis cet été (quelques mois donc après le Congrès) de critiques nombreuses de Stéphane Le Foll envers Olivier Faure. Les tensions entre Luc Carvounas et la direction du PS sont quant à elles réelles mais moins virulentes.A noter enfin deux interrogations sous forme de critiques : qui financera cette campagne électorale ? il semble en effet que cette liste conduite par Raphaël Glucksmann sera exclusivement financée par le PS. où siègeront les élus député.e.s européen.ne.s de cette liste ? Raphaël Glucksmann a en effet indiqué que chacun sera libre de siéger dans le groupe qu’il souhaite. Le vote a été très majoritairement favorable (cinq votes contre dont Rachid Temal membre de la direction) à la proposition de la direction, les membres des textes d’orientation de Stéphane Le Foll et Luc Carvounas ne prenant pas part au vote. En conclusion, Olivier Faure a rappelé que nous ne devions pas donner des ordres aux autres partis mais donner l’exemple et c’est ce que nous venions de faire en acceptant de nous ouvrir et de commencer le rassemblement de la gauche.


Point 4 : marche pour le climat: Les membres du PS se sont ensuite retrouvés aux côtés de Raphaël Glucksmann pour la marche pour le climat derrière une banderole « notre premier combat commun : la planète ».

Christophe Chapuis

Lettre aux militants.

Chers camarades, chers amis,

Nous venons de passer des épreuves difficiles. Certains d’entre vous m’ont écrit pour me confier leur désarroi. J’ai essayé de leur répondre en exprimant mon ressenti. Ce désarroi est compréhensible. Le Parti Socialiste de Loir-et-Cher s’est battu du mieux qu’il a pu contre un vent national qui a tout emporté lors des élections présidentielles et législatives. Nos candidats, nos militants, nos sympathisants  ont donné beaucoup d’eux-mêmes. Chacun essayant de faire au mieux dans ce contexte. Ils ont connu des fortunes diverses mais loin d’être déshonorantes. Qu’ils en soient remerciés. Il y a parfois des défaites qui préparent aussi l’avenir. Nous avons le droit d’en être touchés, tristes voire même en colère. Mais nous avons aussi l’obligation de nous relever pour mettre en avant nos valeurs, nos idées.

J’ai tenu à attendre le conseil national du parti qui a eu lieu hier pour vous écrire. Je ne voulais pas avoir de paroles creuses qui ne se seraient pas appuyées sur des éléments concrets. J’ai assisté à beaucoup de débats, d’échanges dans une ambiance de gravité palpable. Chacun a réalisé l’importance du moment. Ne nous mentons pas, c’est la survie même du parti qui est en jeu en ce moment. L’heure n’était pas au règlement de compte. Et c’est heureux.

Les points les plus importants abordés ont été la position du groupe PS à l’assemblée nationale vis-à-vis du vote de confiance envers le gouvernement et la feuille de route de l’évolution du PS jusqu’au prochain congrès.

Une quasi-unanimité des membres du conseil national ne souhaitent pas voter la confiance au gouvernement et je m’en félicite. Nous ne pouvons pas nous inscrire dans la majorité présidentielle, notamment pour des raisons de programme économique (réforme du code du travail, suppression de très nombreux postes de fonctionnaires etc.) Pour autant cela ne veut pas dire une opposition systématique et stupide. Le PS a toujours voté pour des textes progressistes, la loi Veil ne serait pas passée sans nous alors que le gouvernement était déjà issu d’un président de centre-droit. Certains des membres souhaitaient laisser à nos députés le choix de s’abstenir d’où le texte final proposé par Cambadélis.

Le deuxième point a lui aussi fait consensus. Tenir un congrès immédiatement aurait sans doute fait exploser le parti. Les rancœurs sont encore vives.  Trop de personnes en accusant d’autres d’être aux origines de la défaite. Comme les victoires, les défaites sont collectives. Le congrès sera certainement repoussé au mois de février. Pas trop tard pour ne pas éviter le débat. Pas trop tôt, le temps que la côte de popularité de Macron retombe et que nous reprenions nos esprits. D’ici là une direction collégiale va être mise en place lors du conseil national du 8 juillet. C’est cette équipe qui se chargera du prochain congrès. Je suis néanmoins conscient que  cela pose un problème de visibilité médiatique.  Mais nous devons aussi parfois délaisser un peu la communication pour nous concentrer sur l’essentiel, les idées.

Les autres points de réflexion ont été nombreux. En voici quelques idées fortes :

Nous devons fonctionner différemment : Faire plus appel aux militants, aux sections, aux premiers fédéraux. Déconcentrer, ne plus fonctionner de manière verticale. Les dysfonctionnements entre le national et certaines fédérations ont été nombreux. Solférino a parfois donné l’impression de perdre le contact avec la réalité du terrain. La réussite du mouvement « En Marche » est une leçon pour notre parti. Nous avons délaissé des moyens de fonctionnement plus légers, plus efficaces peut être. Cela passera peut être aussi par une réflexion sur les notions de sympathisants, d’adhérent, de cotisation.

Certaines alliances ont été jugées parfois contre-productives, des « alliés » de gauche se comportant parfois comme des adversaires. De notre côté notre comportement n’a pas été idéal non plus.  Nous avons eu un problème de discipline, de loyauté, de solidarité. Nous avons parfois surjoué les antagonismes pour nous distinguer alors qu’il aurait fallu nous montrer plus unis. Jouer sa carte personnelle au détriment du collectif et tout sauf proche de l’idéal collectif du socialisme.

L’espace politique pour le PS existe. Le gauchisme populiste non gouvernemental est incarné par Mélenchon. Les dérives plébiscitaires de la France insoumise nous inquiètent. Cette volonté dégagiste antiparlementaire, antieuropéenne, autocentrée sur un gourou est un penchant dangereux pour la démocratie. De l’autre côté, le centrisme libéral prôné par Macron n’est pas notre projet.

Si des points communs existent avec l’un comme avec l’autre notamment au niveau sociétal ou européen ils sont l’un comme l’autre en rupture avec les idéaux du socialisme  et de la gauche de gouvernement. Une gauche de progrès social est notre espace politique. Progressiste, européenne, réformiste, sociale, écologiste.  Nous sommes moins nombreux, c’est vrai, mais il nous sera aussi plus facile de nous fixer une ligne idéologique. Nous avons abandonné le social au profit du sociétal. On a privilégié les métropoles au détriment de la France périphérique. C’est cet électorat qu’il nous faut reconquérir. Il ne nous faut pas compter non plus sur une sorte de rééquilibrage mécanique qui nous redonnerait le pouvoir (ce qu’a fait la droite au passage) dans cinq ans. Si nous ne nous réformons pas nous ne serons plus là pour  être aux responsabilités. La victoire de 2012 était basée aussi sur l’anti-sarkozysme. Mais ne nous mentons pas, la crise était déjà là.

Nous sommes aujourd’hui face à une responsabilité historique. Cela peut faire peur mais c’est aussi un combat exaltant et indispensable pour le bien-être des générations futures. Ne baissons pas les bras, plus que jamais la France a besoin de l’espoir porté par nos valeurs.

Amitiés socialistes.

 

fred-orain Frédéric Orain, premier secrétaire fédéral de Loir-et-Cher