Où va l’enseignement supérieur agricole public* ?

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Communiqué de presse Dominique Potier, secrétaire national au Développement des ruralités, nouveau modèle agricole et alimentaire.

À la rentrée 2018, l’annonce ministérielle de la création d’un « champion mondial » de l’enseignement supérieur agronomique avait été faite par la création d’un établissement fédérant AgroParisTech, Montpellier Supagro et Agro campus Ouest.
Aujourd’hui, six mois après l’annonce de ce projet et l’arrivée d’un nouveau ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, voilà une nouvelle proposition institutionnelle de rapprochement/fusion faite de deux « leaders », AgroParisTech-Université de Saclay, volonté du président de la République, d’une part et Montpellier Supagro-Agrocampus Ouest, d’autre part.

Vraiment, on ne peut pas dire que la continuité gouvernementale soit très assurée ; l’enseignement supérieur agricole n’est pas un jeu de Meccano institutionnel !

Pire, cet exercice de premier de cordée, élitiste et instable, abandonne les neuf autres établissements d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et du paysage avec leurs compétences, leurs étudiants et leurs personnels installés à Dijon, Bordeaux, Nantes, Lyon/Clermont-Ferrand, Maisons-Alfort, Toulouse (2), Strasbourg et Versailles.

Quelles sont les perspectives de liens structurels de ces établissements publics d’enseignement supérieur avec les établissements publics de recherche, l’INRA et l’IRSTEA, bientôt fusionnés, le CIRAD et l’ANSES ; qu’en sera-t-il des coopérations territoriales avec les régions et l’Union européenne ?

Où sont donc les projets d’enseignement supérieur et de recherche scientifique de ces opérations insensées ? L’approche interdisciplinaire des compétences de tous ces établissements publics est indispensable à la réussite de la transition agroécologique de nos systèmes de production et de consommation ainsi que dans nos territoires. 

Déjà, la région Bretagne a fait savoir par écrit au ministre qu’elle était « farouchement contre » le projet de fusion entre Montpellier Supagro et Agro campus Ouest. 

Le Parti socialiste rappelle que dans la loi sur l’agriculture, l’alimentation et la forêt votée en 2014 à l’initiative de Stéphane Le Foll, a été créé l’établissement fédératif de tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche relevant du ministère en charge de l’Agriculture intitulé Institut agronomique vétérinaire et forestier de France (IAV2F) ; celui-ci devait valoriser toutes les missions de tous les établissements en respectant leurs autonomies. 

Au moment même où l’Union européenne fait un appel à propositions de création d’universités européennes, avec financements à la clé, il vaudrait mieux approfondir, grâce à l’IAV2F dont c’est la mission, les coopérations entre tous ces établissements publics français dans ce cadre européen.

* L’enseignement supérieur agricole public est composé de douze établissements publics relevant du ministère en charge de l’Agriculture: Agro Paris Tech, Montpellier Sup Agro, Agro campus Ouest, Agrosup Dijon (1), VetAgro Sup, ONIRIS, École nationale vétérinaire d’Alfort, École nationale vétérinaire de Toulouse, École nationale supérieure du paysage (sites de Versailles et Marseille), École nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole de Toulouse, École nationale supérieure des sciences agronomiques de Bordeaux Aquitaine et École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg. Y sont souvent associés, les établissements publics relevant du ministère de l’Enseignement supérieur : Université de Lorraine (ENSAIA et ENSTIB) et INP-ENSAT de Toulouse.

Projet de loi Blanquer : de la confiance à la défiance…

  Le Parti socialiste apporte son total soutien au personnel enseignant qui manifeste aujourd’hui contre le projet de loi pour « une école de la confiance ». Derrière l’instruction obligatoire dès l’âge de trois ans, se cache en réalité la reprise en main du Ministre, dont l’objectif est de mettre à mal tout ce qui a été porté par la gauche. La suppression du CNESCO en est l’illustration. Ce projet de loi confirme que le Ministre n’a pas confiance dans le monde enseignant, qu’il est hermétique à tout dialogue social. il ne fait que régler ses comptes avec le monde enseignant, en imposant la suspicion et en remettant en cause le système éducatif. Le Parti socialiste considère que ce projet de loi est :

–       injuste à l’égard des acteurs du monde éducatif, 

–       inquiétant quant au sort potentiellement réservé aux directeurs d’école dans les Etablissements Publics des Savoirs Fondamentaux,

–       porteur d’inégalités à l’égard des territoires, 

–       dangereux pour l’avenir de nos communes, qui devront prendre en charge le financement des maternelles privées. Des communes qui devront déjà faire face aux dédoublements des CE1 Rep à la rentrée. 

Le Parti socialiste rappelle qu’il a toujours fait de l’éducation sa priorité afin de garantir le droit à la réussite pour tous les élèves. Il renouvelle son total soutien aux enseignants.

Panique ?

Je ne sais pas si c’est lié à mes amis facebook ou si l’ampleur est plus vaste mais depuis l’annonce de l’alliance avec Place Publique je vois passer un grand nombre de conneries sur ma timeline facebook.

En général dans ce cas je signale les dérives à la personne qui le plus souvent les enlève (car j’ai beaucoup d’amis facebook qui n’ont pas les mêmes opinions que moi mais qui sont honnêtes dans leur convictions).

Mais là ce n’est plus possible, il y en a trop. Alors je me sens obligé de faire un post plus complet sur le sujet. Je rappelle que le site « lescrises.fr » est un site complotiste. Que Fdesouche est un site raciste. Je suis navré de voir que certains de mes anciens camarades tombent dans des travers aussi graves.

– Le soutien à Sarkozy de Raphaël Glucksmann: C’est son père et non lui. Seul un journaliste du monde diplo l’affirme. L’intéressé affirme le contraire. (https://www.liberation.fr/…/raphael-glucksmann-une-rage-d-e…)

– Sa pseudo candidature en 2006 (il y a 13 ans ! pour un parti inconnu). Il n’a jamais été candidat et il y a un pauvre extrait d’une dizaine de secondes. Le reste de la vidéo c’est un autre gonze qui parle.

– Son méchant tweet sur le PS. Bah oui. Il y avait de quoi être fâché contre le PS (on l’a bien vu). Et quelque part je trouve que ça montre bien que le parti à changé et compris des choses.

– Le soutien à Macron ? C’était plutôt le contentement de voir Macron plutôt que Le Pen après le premier tour. Mais je rappelle qu’il a soutenu Hamon pendant la campagne. Et même si je n’aime pas Macron j’ai aussi voté pour lui au deuxième tour et espéré que Le Pen ne passe pas.

– La méchante phrase de Hamon qui dit que les voix du PS vont à droite ? Je rappelle juste que son plus beau discours, celui de Bercy (j’y étais) a été écrit entre autre par… Raphaël Glucksmann.

– Yannick Jadot qui accuse le PS de favoriser le glyphosate: 
c’est grâce aux socialistes qu’il y a eu une commission d’enquête au Parlement européen. Aucune division chez les socialistes sur ce sujet. Le 16 mai 2017, le groupe S&D s’est exprimé à 188 pour et une seule abstention en faveur de cette commission. Elle était d’ailleurs présidée par un eurodéputé socialiste, Eric Andrieu qui fait un travail colossal.

Je sais que les campagnes électorales sont souvent sales. Mais j’avoue que je ne m’y ferais jamais. Bref que veut dire cette avalanche ? Peut être que certains paniquent.

Conseil national du 16 mars

Samedi 15 mars s’est tenu à la Maison de la Chimie un Conseil national du Parti socialiste.L’ordre du jour comprenait notamment un vote sur le principe de liste commune avec Place Publique et la désignation de Raphaël Glucksmann comme tête de liste.
Vous trouverez ci-dessous un compte-rendu de ce conseil national :
En préambule, il a été rappelé que l’université d’été de La Rochelle se tiendrait à nouveau cet été du 23 au 25 août.


Point 1 : rapport comptable sur le nouveau siègeLe nouveau siège du Parti socialiste à Ivry d’une surface de 1497m2 aura coûté au Parti, coûts de déménagement inclus, la somme de 9324K€ (remarque personnelle : il avait été indiqué au mois de juin 2018 que la vente de Solférino rapporterait 45 millions d’euros et que l’achat du nouveau siège coûterait 10 millions d’euros). Il a été rappelé que le PS a drastiquement réduit le nombre de ses permanents, les faisant passer de 130 à 43.Une question a été posée sur l’existence d’une salle suffisamment grande pour accueillir nos conseils nationaux, ainsi que cela avait été initialement prévu et avait justifié l’achat de ce site. En réponse, il a été expliqué que l’achat d’une telle salle dans un bâtiment annexe du siège d’Ivry avait été budgété mais que le vendeur ne proposait à ce jour pas un prix jugé raisonnable par le Parti. Ce point est donc toujours en suspens.


Point 2 : grand débat national: :Il est rappelé qu’à l’origine de la crise des gilets jaunes, il y a la sidération de l’élection d’Emmanuel Macron, rapidement suivie d’une forme de saturation qui allait s’achever par une colère encore existante.Le constat sur le grand débat est très négatif, les dés ayant été pipés dès le commencement. On sait en effet qu’il n’y aura pas de rétablissement de l’ISF mais que les dépenses publiques et donc le service public seront réduits.Il a été rappelé que le PS a été le premier parti à porter des propositions dès le début de la crise des gilets jaunes mais que celles-ci ont été très peu relayées par la presse. Aussi, dans le cadre du Grand Débat, le  Parti socialiste fera au minimum 30 propositions (et serait en mesure d’en faire une centaine) lesquelles s’avèrent être en cohérence avec les 66 propositions portées par Nicolas Hulot et Laurent Berger.


Point 3 : élections européennes:Il est tout d’abord rappelé que les règles de cotisations pour pouvoir participer au vote du 2 avril sur la liste pour les européennes seront identiques à celles mises en place pour le Congrès.Les membres du Conseil national ont ensuite été amenés à s’exprimer sur le projet de résolution soumis par la direction du Parti qui propose de participer à une liste de rassemblement conduite par Raphaël Glucksmann et dont le PS constituera l’armature. Cette liste sera paritaire entre les candidat.e.s socialistes et ceux issus d’autres mouvements et de la société civile.Les débats ont été très vifs et peuvent être résumés comme suit :- Les membres du Conseil national issus du texte d’orientation présenté par Stéphane Le Foll ont regretté d’apprendre par la presse cette proposition de la direction du PS, ont reproché à la direction sa méthode et l’absence de consultation du Bureau national. Sur le fonds, ils regrettent de laisser la tête de liste à un tiers inconnu (Raphaël Glucksmann) qui n’est pas socialiste et peut-être pas de gauche alors que des candidats socialistes s’étaient proposés pour conduire cette liste. Dans ces circonstances, avec beaucoup de virulence, ils ont annoncé quitter le Bureau national du PS et ont indiqué qu’ils continueraient à défendre les valeurs socialistes puisque la direction actuelle ne souhaitait plus le faire. Les membres de ce texte d’orientation n’ont pas pris part au vote sur cette proposition.- Luc Carvounas de son côté a regretté, dans un style toutefois un peu moins virulent, la méthode de la direction (le sujet des élections européennes n’était plus abordé en Bureau national depuis des mois). Les membres de ce texte d’orientation n’ont pas pris part au vote sur cette proposition.- Laurent Baumel pour le texte d’orientation initialement porté par Emmanuel Maurel a indiqué qu’il voterait favorablement cette proposition mais qu’il avait des interrogations sur la composition et l’organisation de cette liste.- Les représentants de la direction du PS sont intervenus pour répondre aux attaques notamment des soutiens de Stéphane Le Foll en indiquant que ceux-ci n’assistaient jamais aux réunions du Bureau national depuis le début du mandat d’Olivier Faure, que ce Bureau national avait donné à plusieurs reprises mandat à Olivier Faure pour faire une alliance en vue des européennes (en décembre 2018 et février 2019 notamment) et qu’ils étaient de mauvaise foi puisqu’ils regrettaient aujourd’hui cette alliance alors qu’ils étaient prêts à s’unir derrière Yannick Jadot il y a encore peu. Notre députée européenne Karine Gloanec-Maurin est montée à la tribune pour défendre la proposition de la direction qu’elle a jugé être « un pari audacieux et courageux ».Il faut noter que la tension a été extrêmement vive entre les membres de la Direction et les représentants de Stéphane Le Foll qui n’ont pas hésité à employer des mots tels que « scélérat » et « surréalisme ». Néanmoins, cette tension n’est pas nouvelle puisque la presse se faisait échos depuis cet été (quelques mois donc après le Congrès) de critiques nombreuses de Stéphane Le Foll envers Olivier Faure. Les tensions entre Luc Carvounas et la direction du PS sont quant à elles réelles mais moins virulentes.A noter enfin deux interrogations sous forme de critiques : qui financera cette campagne électorale ? il semble en effet que cette liste conduite par Raphaël Glucksmann sera exclusivement financée par le PS. où siègeront les élus député.e.s européen.ne.s de cette liste ? Raphaël Glucksmann a en effet indiqué que chacun sera libre de siéger dans le groupe qu’il souhaite. Le vote a été très majoritairement favorable (cinq votes contre dont Rachid Temal membre de la direction) à la proposition de la direction, les membres des textes d’orientation de Stéphane Le Foll et Luc Carvounas ne prenant pas part au vote. En conclusion, Olivier Faure a rappelé que nous ne devions pas donner des ordres aux autres partis mais donner l’exemple et c’est ce que nous venions de faire en acceptant de nous ouvrir et de commencer le rassemblement de la gauche.


Point 4 : marche pour le climat: Les membres du PS se sont ensuite retrouvés aux côtés de Raphaël Glucksmann pour la marche pour le climat derrière une banderole « notre premier combat commun : la planète ».

Christophe Chapuis

Écologie et social : l’équation impossible ?

Avant de m’engager au PS, mon cœur a longtemps balancé pour le Verts. J’ai démarré mon action militante concrète avec la campagne Européenne de 2009 en assistant à un meeting du PS animé par le premier fédéral du Loir et Cher de l’époque, Pascal Usseglio, et Karine Gloanec-Maurin, élue d’une petite commune du Nord du département, devenue aujourd’hui députée Européenne. Je me souviens d’un premier contact chaleureux aussi bien avec eux qu’avec les militants locaux. Comme chacun sait, cette campagne 2009 aboutit à un score historique de 16% des Verts emmenés par Dany Cohn-Bendit et à un score à peu-près équivalent du PS, en recul donc. Deux ans plus tard, en 2011, j’ai pris ma carte au PS alors que tout semblait me pousser vers un engagement à EELV. J’ai d’ailleurs, en parallèle de ma participation aux primaires citoyennes et de mon vote pour Arnaud Montebourg, participé à la campagne des primaires EELV où j’ai soutenu Eva Joly. Je me suis ensuite pliée au résultat du vote de mon parti et ai fait la campagne de François Hollande sans aucune arrière pensée. Le déroulement du mandat a évidemment provoqué chez moi de nombreuses interrogations et indignations. Tout d’abord, sur les positions tactiques des uns et des autres, y compris du candidat que j’avais soutenu à la primaire citoyenne, et de celui que j’allais soutenir ensuite à la primaire 2017, je veux parler de Benoit Hamon. Je veux évacuer cet aspect tout de suite pour clarifier ma position vis à vis de ces ex-candidats : Jamais, je dis bien jamais, je ne pourrai leur pardonner que les considérations tactiques l’aient emporté sur les idées ou les convictions.
Ces fautes nous ont conduit tout autant dans le mur que le mandat très approximatif de Hollande chez qui nous savions ne pas devoir attendre grand chose en terme d’avancée des idées de gauche sociale.

Alors que faire désormais ? Nous avons pris conscience de l’urgence écologique. Nous avons même ajouté la mention “social-écologie” au logo du partie. Fort bien. Mais à l’heure actuelle, le trait d’union qui relie social et écologie ressemble plus à un “ou” à valeur exclusive qu’à un “et” inclusif. Si nous sommes capables de proposer des solutions concrètes en matière sociale ou en matière écologique, nous sommes, pour l’heure démunis pour lier les deux aspects.

La crise des Gilets Jaunes, est pour moi, la démonstration éclatante de notre échec à mettre en place des mesures sociales et écologiques. Évidemment, nous ne sommes plus au gouvernement. Mais nous pouvons agir au niveau local avec tous nos maires, présidents de communautés de communes et d’agglomération, présidents de département et présidents de région. Je suis en effet convaincue de la force de l’échelon local notamment en terme de mobilité, qui est pour moi la problématique. Je devrais plutôt employer le pluriel et parler de mobilités géographique et sociale. Chacune peut s’envisager sous le prisme du choix ou de l’absence de choix. En tout cas en apparence. La contrainte économique va pousser des citoyennes et des citoyens à quitter les quartiers chers (souvent des centre-villes mais pas toujours), pour des zones économiquement plus accessibles en apparence : les banlieues ou les zones rurales. Cette sorte d’exode urbain nous a d’ailleurs été présenté comme la panacée depuis le dernier quart du siècle dernier contre la vie chère et la pollution (premier terme écologique que je me souviens avoir entendu après Brigitte Bardot et ses combats pour sauver les éléphants entre autres…sic). On nous vendait donc avec ce retour à la campagne un logement moins cher, une vie plus proche de la nature et plus saine pour les enfants. Bref, pour un peu, on se serait cru dans l’application de la thèse sur la Frontière de Frederick Jackson Turner qui prône un retour à la nature préalable et inhérent à la conquête de l’Ouest américain. Pour autant, nous savons aujourd’hui à quel prix cette conquête a eu lieu en terme humain et écologique. Cette conquête de nouveaux espaces n’a pour autant pas tenu toutes ses promesses en termes économiques : les zones reculées ne fournissent ni les emplois, ni les services publics. Pour les seconds, elles ne les fournissent plus. Il faut donc conserver ou accepter un emploi loin de chez soi et s’y rendre le plus souvent avec sa voiture. Il existe quelques exceptions avec des villes moyennes dotées d’une gare TGV; je pense notamment à Vendôme, à 43 minutes de Paris. Mais l’abonnement n’est accessible qu’à une toute petite minorité de citoyens. Concernant les services publics, l’école a tenu lieu de moteur pour quitter les grandes villes avec leurs classes de maternelle à 30 élèves et leurs places en crèche à réserver un an avant la naissance d’un enfant. La promesse d’écoles maternelles rurales pouvant accueillir les enfants de deux ans a eu un succès certain. Pendant un temps seulement. La présidence Sarkozy a provoqué la fermeture de nombreuses classes et les conditions des classes en milieu rural a rejoint celui des écoles de ville. Passons rapidement sur les services de la Poste : il n’est pas rare de ne recevoir son courrier qu’une fois ou deux par semaine en province. Enfin, concernant la santé, il faut parfois parcourir des dizaines de kilomètres pour se faire soigner ou pour accoucher. Enfin, concernant la pollution, il me semble curieux de penser que l’on va subir moins de pollution atmosphérique quand on en émet soi-même davantage qu’en ville pour se rendre à son travail. Et concernant les villages des zones très rurales, lorsqu’ils sont entourés de champs et de cultures céréalières, on y subit une pollution en terme d’épandage de pesticides qui devrait faire réfléchir à deux fois ceux qui rêvent d’une vie meilleure à la campagne. Enfin, concernant la réduction du stress, il me semble difficile de croire que passer plus d’une heure par jour pour ses déplacements va y contribuer.

Une fois tout ceci exposé, je ne voudrais surtout pas donner à penser que je m’oppose à un mode de vue rural. J’en veux surtout à ceux qui ont laissé croire à une prescription qui conviendrait à tout un chacun.

Comment alors permettre à chacune et chacun de choisir le mode de vie qui lui convient et de lui en donnant les moyens ? En attendant que chacun puisse travailler près de chez lui, ce qui doit être notre objectif à moyen et long terme, travaillons à faciliter cette mobilité géographique quotidienne. C’est ici de l’échelon local dont je souhaiterais parler. Les régions gèrent les TER et les transports scolaires. Les agglomérations, les communautés de communes et dans certains cas les communes elles-mêmes les transports intra et inter-urbains. Si l’on est habitant d’une commune rurale et que l’on travaille dans l’agglomération voisine, si l’on n’a pas le permis, pas de voiture, ou que l’on décide de ne plus l’utiliser, on va probablement utiliser deux types de transport : un bus pour rejoindre l’agglomération et un bus ou un tram pour rejoindre son lieu de travail. Si l’on habite une ville moyenne, on devra probablement prendre un bus pour rejoindre la gare, puis un TER pour rejoindre l’agglo et enfin un bus ou le tram. Si l’on est sportif et que les rames du TER le permettent (merci les régions), on pourra profiter de l’intermodalité avec son vélo ou sa trottinette. Des solutions existent et il faut les saluer. Les limites sont d’ordre tarifaire surtout quand on est précaire, exemple avec des emplois dans des villes différentes ou des cumuls emploi-formation. Sans oublier les demandeurs d’emploi. Je voudrais citer un exemple qui va peut-être en surprendre plus d’un. Il m’a même surprise en tant que native Parisienne et provinciale depuis mon entrée dans la vie active. Le budget transports en commun mensuel d’un provincial est plus cher que celui d’un banlieusard francilien. Pour comparer ce qui est comparable, j’ai demandé à une étudiante de me donner le tarif de sa carte d’abonnement mensuelle pour des trajets Blois-Tours. Cela lui revient à 110 euros alors que le Pass Navigo, plafonne à 75 euros. Il s’agit d’un tarif étudiant, donc social. Ce tarif préférentiel ne concerne donc pas les actifs précaires qui pourront multiplier ce tarif par deux ou trois.

Alors, faut-il être riche pour sauver la planète ? En tout cas, il ne faut pas être totalement pauvre. La priorité me semble donc être de rendre accessibles les solutions écologiques. Ceux qui trouvent utopistes les propositions de rendre gratuits les transports en communs doivent essayer de se mettre dans les chaussures de ceux dont la fin du mois débute le 5 ou le 10. Pour cela, il me semble nécessaire de faire revenir en notre sein des militants moins argentés et de tourner le dos de manière ferme à Terra Nova et consorts qui ont réduit le champ de nos idées et propositions à celui d’un électorat réduit de manière substantielle lui-même, et en terme de nombre et en terme de classe sociale.