Europe together : les sociaux démocrates rassemblés au Cirque d’Hiver

Meeting Europe Together S&D à ParisHier, s’est tenu le meeting de lancement de la campagne des Européennes à Paris au Cirque d’Hiver. Frédéric Orain, premier fédéral y était ainsi que Karine Gloanec-Maurin, député Européenne. Nous vous proposons un condensé des interventions pour vous retranscrire la teneur de la soirée.

Dg4Dkh3XkAAhYzH.jpg largeAnne Hidalgo, Maire de Paris, ouvre la soirée. Elle débute par un hommage appuyé au gouvernement socialiste dirigé par Pedro Sánchez qui « a sauvé l’honneur de l’Europe ». Elle insiste sur la question du défi climatique. Et notamment sur la durabilité et la question sociale. Les plus riches ne doivent pas être les seuls à s’en sortir. Il n’y a pas de progrès sans justice sociale.

Dg4HqOiX0AA64yy.jpg largeUdo Bullmann, Président du groupe des Progressistes au Parlement Européen,  prend ensuite la parole. Il explique en quoi cette période est exceptionnelle et dangereuse pour l’Europe. Quand les gens n’ont plus confiance dans leur société, c’est là où la haine prônée par l’extrême droite peut s’immiscer. Sommes nous prêts ? Aurons nous le courage de nous dresser face à ce danger ? Nous devons prouver que nos politiques répondront au plus grand nombre et pas à seulement quelques privilégiés. Ces élections seront un moment charnière. Jamais la lutte n’a été aussi radicale. Nous pourrons revenir au pouvoir si nous avons une rhétorique commune.

36389656_1847751888601963_1092451461750587392_nOlivier Faure, Premier secrétaire du Parti Socialiste et député, intervient alors pour dire que les évidences d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui. Il rappelle la première fracture. Celle de 2005. Puis la deuxième, avec le Brésil qui montre que ce qui a été fait peut être défait. Emmanuel Macron veut réduire le débat à « vous êtes avec moi ou contre l’Europe ». Les citoyens européens ne sont pas aveugles. Il n’y a pas qu’une seule politique européenne. Tout comme on ne peut pas être et de droite et de gauche. On a le droit de critiquer l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui. L’irresponsable serait de laisser les populistes être les seuls critiques. Pourquoi ne dit-on pas que le principal levier de croissance c’est l’investissement écologique ? Pourquoi ne voit-on pas que cet investissement écologique doit être le pari de l’Europe et la clé de son influence et de son leadership mondial?

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Les ateliers débutent ensuite avec l’intervention de Sergei Stanishev, député européen bulgare et Président du PSE. Suit une photo de famille avec Anne Hidalgo, Olivier Faure, Christine Revault d’Allonnes, Pedro Sánchez et Sergei Stanishev.

Sylvie Guillaume, députée européenne du Sud-Est, intervient pour aborder la question des migrations liées au changement climatique : « en Europe, nous aurons cette détermination pour que les réfugiés climatiques ne soient pas notre talon d’Achille ».

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Un premier atelier sur « les politiques urbaines pour des villes où il fait bon vivre » est dirigé par Kathleen Van Brempt, députée européenne. En compagnie de Stéphane Le Foll (maire du Mans), Christophe Rouillon, du groupe socialiste Comité européen des régions et Daniel Terminé (Gard). Stéphane Le Foll rend hommage à son prédécesseur M. Boulard pour la qualité de vie de sa ville Du Mans. L’écologie est un élément de la redistribution . En isolant on baisse la consommation d’énergie fossile et on redonné du pouvoir d’achat. Christophe Rouillon, Maire de Coulaines, explique la cohérence entre son mandat de maire et de vice président du groupe socialiste du Comité Européen. Suit l’intervention de Jinnih Beels qui lutte contre le nationalisme dans la ville d’Anvers. Nous n’avons plus le temps. Nous devons agir tout de suite. Les villes sont plus que du béton et des rues.

36416197_1847750181935467_5979923923028934656_nPaul Magnette, Maire de Charleville et ancien ministre président de la Wallonnie, évoque avec talent l’immigration. Il y a 138 nationalités qui font partie de la vie de la cité à Charleroi. L’accueil s’est fait naturellement. Il explique notamment comment il a résorbé la moitié de l’échec scolaire dans sa commune. Impressionnant ! Investissons dans l’humain , dans l’intelligence. L’Europe n’a pas toujours été égoïste.

36452139_1847749801935505_8811902238478827520_nPierre Moscovici intervient en tant que commissaire européen. Il tient à exprimer la gravité de la situation après le conseil européen d’urgence sur la question migratoire. Une Europe qui ne serait pas humaniste ne vaut pas la peine d’etre vécue. Les thèses de Salvini font honte à l’Europe. Les nationalistes sont là: Ils sont en Italie, en Autriche, en Pologne, en Hongrie. L’Europe n’est pas chrétienne. Elle doit pouvoir accueillir tout le monde sans préjugés. Il faut lutter contre les inégalités. Il faut augmenter les salaires. Il faut plus d’Europe sociale. Mais ce sont les États qui bloquent. Il faut lever le verrou de l’unanimité sur sur ces décisions. Il faut plus de financement pour les pays qui luttent contre la liberté de la presse ou qui refusent d’accueillir des migrants.

36404217_1847751105268708_3936450295445323776_nUn nouvel atelier « Créons les emplois de demain pour une économie verte » se met en place. Il est animé par Eric Andrieu, député européen et Vice-Président du groupe S&D. L’atelier est co-animé Guillaume Duval, éditorialiste chez Alternatives Économiques,  Maria João Rodriguez, députée européenne du Portugal, William Todts, directeur de l’ONG Transport & Environment et Thiébaut Weber, secrétaire confédéral du syndicat European Trade Union. Eric Andrieu entame le tour de table en pointant la gravité de la situation. Nous devons faire preuve d’imagination, de créativité et d’inventivité en tant que sociaux démocrates et progressistes. Guillaume Duval enchaîne en soulignant que la France est l’avant dernier pays d’Europe pour les respect de ses promesses de transitions énergétiques.

Il ajoute que si l’on n’est pas capable de limiter les inégalités, on ne peut pas envisager de faire de l’écologie. William Todts explique en quoi la situation est intenable. La bonne nouvelle c’est que nous avons des solutions possibles. Il salue notamment le travail d’Anne Hidalgo. Thiébaut Weber intervient à son tour. Nous devons changer de paradigme. Il salue le fait que cette question soir au cœur de la soirée. On a besoin d’un vrai plan d’investissement européen. Une industrie propre qui crée de l’emploi.  Il faut être capable de proposer des solutions aux salariés qui perdent leur emploi avec la transition énergétique.

Maria João Rodriguez prend la parole à son tour. Elle développe le thème de l’économie circulaire. Elle doit être accompagnée d’une politique d’éducation et de formation. Il ne faut pas seulement plus d’emplois mais aussi de meilleurs emplois. Il faut des emplois avec des droits. Avec un système de protection sociale d’avenir. Conny Reuter, secrétaire général de l’ONG belge SOLIDAR, intervient pour évoquer l’éducation populaire à d’autres formes de consommation. Suivent les questions-réponses avec le public. La question de la pollution de la méditerranée et de l’outre mer sont notamment évoquées.

36468631_1847749365268882_7124722411823431680_nEmmanuel Maurel, député européen, conclut les travaux de l’atelier. Il souhaite, entre autre, faire la synthèse entre Paul Magnette et Olivier Faure. Nous sommes tous d’accord pour dire que nous ne sauverons l’Europe que si nous sommes capables d’un sursaut puissant qui passe par des ruptures avec les méthodes des petits pas qui ne marchent plus et avec les compromis boiteux avec la droite qui ne débouchent au mieux que sur un filet d’eau tiède. Le budget de l’UE paraît ridicule. Il faudrait au moins 10 fois plus de budget pour la transition énergétique. On ne peut pas prétendre construire une économie verte et en même temps intensifier les échanges avec des pays à 10 000 kilomètres d’ici. Quel est l’intérêt d’importer du lait de Nouvelle-Zélande ou d’Australie quand nous vivons une crise de surproduction laitière en Europe. Enfin, nous devons reprendre à notre compte un concept marxiste : celui de l’économie de la restitution qui consiste à rendre à la nature ce que l’économie lui prend.

Jovana Majstorovic, Vice-Présidente des Jeunes Socialistes européens, présente les ambassadeurs #Together sélectionnés pour leur activisme : Alba Vasquez et Lopez David Rausc.

La résolution finale « Transformer les sociétés dans la mesure des capacités planétaires » est adoptée.

Parcoursup et ses ratés

Depuis bientôt deux semaines, Parcoursup, outil mis au point pour remplacer et corriger les défauts d’APB (admission post bac) livre ses résultats. Verdict : quand, avec APB, 150 000 lycéens restaient sur le carreau, ce sont 400 000 qui n’ont reçu aucune réponse positive le premier jour. Au Ministère, on s’est voulu rassurant : les élèves ayant reçu plusieurs réponses positives allaient très vite se positionner et renoncer à leurs vœux surnuméraires pour « libérer des places » pour les malheureux.

Seulement voilà, tout ne se passe pas aussi rapidement et aussi bien que souhaité. Il y a même quelques incohérences. On ne compte plus les copies écrans postées sur Twitter comme « Vous êtes 340e sur la liste d’attente » quand la liste d’attente ne comporte que 315 places. On a appris depuis que certains établissements avaient pu pratiquer du « surbooking ». En gros, si un BTS peut accueillir 50 étudiants, mais que chaque jour, 5 étudiants admis dans la formation renoncent à y participer, l’établissement se retrouvera en déficit de recrutement. D’où la possibilité avec Parcoursup de recruter en surnombre. Un risque tout de même si le nombre d’étudiants recrutés reste au dessus de la limite fixée.

Autre point de blocage, certains lycées se retrouvent avec des pourcentages d’élèves sans aucune proposition nettement supérieurs à la moyenne nationale. Inutile de dire que ces lycées sont situés dans des zones « difficiles ». Sylvine Thomassin, maire de Bondy, a dénoncé le fait que les lycéens de banlieue soient quasiment blacklistés. La transparence est à mettre en cause ici. Si l’algorithme national a bien été rendu public, il n’en est pas de même au niveau de chaque établissement du supérieur qui ont obtenu la possibilité conserver « le secret des délibérations ». Certains tirages au sort ont même eu lieu. Un comble pour un dispositif qui était censé supprimer cette pratique, principal point de contestation dont souffrait APB. C’est également au niveau des établissements de recrutement qu’une sélection sociale peut avoir lieu. Elle peut s’observer à deux niveaux : premièrement, la lettre de motivation demandée aux candidats qui ne sera pas la même en fonction de l’aide dont ils peuvent bénéficier dans leur milieu familial. En second lieu, la tentation est grande pour les établissements recruteurs de privilégier des candidats provenant d’établissements à fort taux de réussite au baccalauréat.

Les réactions des lycéens sans aucun vœu accepté ainsi que celles de leurs professeurs ne se sont pas faites attendre : des messages de dépit sur les réseaux sociaux souvent sur un ton ironique aux assemblées générales dans les lycées les plus touchés. La réponse des autorités est apparue, quant à elle, légèrement disproportionnée avec en point d’orgue l’évacuation d’une AG au lycée Arago à Paris 12e, suivie d’arrestations et placements en garde à vue par dizaines, dont 40 lycéens mineurs. Une autre opération du même type a eu lieu vendredi devant le lycée Bergson à Paris 19e, berceau du syndicat lycéen la FIDL. Ce lycée est caractérisé par une très grande mixité sociale et est particulièrement touché par les refus de Parcoursup. On souhaiterait éteindre toute tentative de manifestation critique vis à vis du dispositif et de la loi ORE en général, qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Le contexte semble effectivement favorable pour réduire au silence les lycéens, leurs parents et les professeurs. Le chômage encore très élevé, la précarité en augmentation; un lycéen ou un étudiant d’aujourd’hui réfléchira à deux fois avant de montrer sa désapprobation. Quant à s’engager politiquement… Le gouvernement peut donc faire passer ses réformes qui accentueront les inégalités et la précarité tranquillement. Un véritable cercle vicieux.