Paris samedi 9 décembre au matin
Cette restitution se déroule dans un contexte particulier. Luc Carnouvas a annoncé sa candidature au poste de premier secrétaire, Stéphane Le Foll n’a pas fait d’annonce officielle mais a mis en place suffisamment d’éléments pour ne plus laisser de doute quant à sa candidature. Dans le même temps Rachid Temal a lancé un appel signé par 40 premiers fédéraux pour éviter les candidatures avant le débat d’idée. En signe d’apaisement Rachid et Luc ont assisté à cette restitution côte à côte.
Peu de monde à 9h30, heure prévue pour le début des travaux. La restitution commence à 10h15 devant une salle bien remplie. De nombreux caciques du PS arriveront petit à petit jusqu’à 11h.
La parole était relativement libre. On cherchait même des intervenants. Une recherche de parité a été notée dans les interventions.
Emmanuel Grégoire (1er fédéral de Paris) a lancé la restitution suivit d’Isabelle This Saint Jean (secrétaire nationale du PS chargée de l’environnement). Sans surprise ils ont rappelé l’importance historique du congrès et la nécessité d’éviter les querelles de personnes ou de motions au risque d’être les derniers à éteindre la lumière.
Ils ont mis en avant la volonté de travailler à nouveau ensemble, le fait que les déchirements du quinquennat doivent être dépassés. Un propos qui reviendra souvent dans cette journée. Le PS doit axer ses travaux sur la volonté de justice sociale, le ciment de notre engagement.
Le parti doit être renouvelé dans son fonctionnement. Aller du bas vers le haut. Retrouver son de réseau d’éducation des milieux populaires. Il doit réfléchir au statut que l’on doit donner aux sympathisants.
Ensuite la parole a été donnée au public. Le premier fédéral de Seine-Maritime et de Moselle se sont succédé dans un premier temps. Ils ont expliqué le processus de forum dans leurs fédérations. Ils ont évoqué un processus positif, cathartique qui a permis de dépasser les anciens clivages. Ils ont fait remonter aussi des exigences fortes vis-à-vis du national.
Le premier fédéral de l’Orne a fait un rappel sur le temps long pour montrer le que PS n’avait pas toujours été cohérent dans sa démarche, notamment dans le domaine économique. Il a relié la loi Quilès de 1992 (sur la privatisation des Telecom) avec la loi El Khomri. Pour lui le message du parti s’est brouillé avec le temps. Il a insisté sur les axes forts qui doivent structurer le parti : Economie sociale, circulaire, politique du logement, révolution fiscale. Rien de pire que de faire une politique sans l’avoir annoncé avant. Il insiste aussi sur une réforme des statuts nécessaire : Elections du conseil national, primaires ouvertes ou fermées, amendements plus faciles notamment.
La question de la remontée des informations de la base est posée : Quelle méthode ? L’invocation ne suffit pas. L’idée d’un expert qui parle devant des élèves qui écoutent lui paraît dépassée. D’autres partis changent, nous devons changer aussi.
Le premier fédéral de Haute-Garonne intervient à son tour. Il fait le compte rendu du bilan impressionnant fait par sa fédération. Près de 82 propositions issues d’une sélection d’un millier de propositions initiales. Il plaide pour un parti décentralisé, sans baronnies locales. D’un vote sur les grandes orientations qui doit être déconnecté de la désignation des responsables. D’un changement profond de l’administration obsolète du parti (découpage en sections, fédérations etc.)(NDLA : La liste des propositions complète a été diffusée sur le groupe facebook socialistes du loir-et-Cher)
Une militante intervient ensuite pour évoquer la question des migrants. Elle rappelle la distinction que veut mettre en place le gouvernement sur cette question (la veille, les associations ont claqué la porte du ministère de l’intérieur qui souhaitait faire un tri dans l’aide accordé aux pauvres). Le PS doit combattre la misère sans distinction de couleur de peau.
Le premier fédéral de Gironde rappelle qu’il faut régler définitivement la question de la double appartenance. Se pose alors la question de la loyauté. Vis-à-vis du gouvernement d’un côté et vis-à-vis du programme qui nous a permis d’être élu. Emmanuel Morel et Marie-Noëlle Lienemann reviendront sur cette question dans l’après-midi. Il pose la question de la prise de parole d’un chef de l’Etat dans une église le choque personnellement le jour de la célébration de la laïcité. (NDLA : le discours d’Emmanuel Macron aura lieu devant et non dans l’église mais nous l’ignorions à ce moment)
Régis Juanico, député de la Loire intervient ensuite en axant son discours sur la disparition des emplois aidés et sur l’importance des élus de terrains qui sont le point faire du PS par rapport aux autres partis d’opposition.
Intervention de Marion Fontaine, chercheuse à l’EHESS qui intervient sur la crise de la social-démocratie : Cette intervention est très riche. Elle mériterait un article à elle seule. Elle met en avant que la fragmentation de la sociale-démocratie n’est pas un phénomène uniquement français. Ce courant perd en influence. Ce courant doit s’adapter en permanence à un capitalisme changeant. Il doit renoncer à son effondrement annoncé et à un rôle de l’Etat changeant. Le socialisme est internationalisme par nature mais a continué à ancrer son modèle dans celui des nations. Ce qui rend difficile la constitution d’un socialisme européen de projet. La crise n’est donc pas conjoncturelle mais structurelle. Il faut sans doute recréer des clivages, des différences. Ce clivage peut et doit être apaisé, démocratique. Nous devons retourner à l’internationalisme. Pas seulement être européen. Il faut y associer les peuples. Être tenus par un projet commun pour nous mettre en cohérence avec nos actes.
Quelques questions de la salle. Le non cumul des mandats (y compris interne au PS) revient fréquemment.
Il est 12h30, clôture des travaux du matin par un discours de Rachid Temal avant le conseil national de l’après-midi.